dimanche 18 décembre 2011

Cinq scientifiques qui ont essayé de vaincre la mort

Les experiences d'Aldini

 

 Giovanni Aldini, le « réanimateur »

 

Giovanni Aldini était le neveu de Luigi Galvani, un médecin italien qui découvrit en 1780 qu’en électrocutant une grenouille morte, il pouvait faire bouger ses membres. Certains scientifiques de l’époque pensèrent alors que Galvani avait trouvé le secret de la vie. Comme il voulait aller plus loin que son oncle, Giovanni Aldini décida, lui, de « ranimer » des cadavres humains. Il s’en fit une spécialité, et parcourut l’Europe dans une tournée de science-spectacle où il terrifait l’assistance en électrocutant des morts.
Sa plus célèbre démonstration eut lieu à Londres, en 1803, devant des membres du Collège Royal de Chirurgie. Aldini disposait du corps de Georges Forster, un homme de 26 ans executé pour avoir tué femme et enfant. Lorsque le visage de ce dernier fut traversé par le courant, ses yeux et sa bouche s’ouvrirent dans un rictus macabre qui glaça le sang de l’assemblée. Mais le clou du spectacle eut lieu lorsqu’Aldini brancha un câble à l’oreille de son « cobaye », et un autre directement dans le rectum. Le corps de Forster se lança dans une gigue insoutenable, distribuant coups de poings et coups de pieds désarticulés.
Suite à la retentissante démonstration, le London Times rapporta qu’une partie de l’auditoire avait vraiment cru que le condamné était revenu à la vie…

 

 

 

Sergei Bryukhonenko, le décapiteur du Kremlin

 

Une tête de chien maintenue en vie par Bryukhonenko 


Dans la Russie de Staline, le Dr Bryukhonenko était un des directeurs de l’Institut de Recherche en Chirurgie Expérimentale. A la fin des années vingt, à l’aide d’anticoagulants et d’un système de circulation extra-corporelle de son invention, il parvint à garder en vie des têtes de chien pendant plus de 3 heures. Oui, des têtes de chien. Sans corps...


Bryukhonenko, essayant d'avoir l'air sympa 

Bryukhonenko exposa une de ses têtes de chien en 1928, devant un parterre de scientifiques internationaux, lors du 3ème Congrès de Physiologie d’Union Soviétique. Lors de la démonstration, la tête coupée répondit à de nombreux stimuli. Elle tressaillit sous l’effet de bruits violents, ses pupilles se contractèrent à la lumière, elle lécha du jus de citron versé sur ses lèvres… et elle avala même un morceau de fromage qui ressortit intact de l’autre coté de son œsophage .

La preuve de la folie humaine en images (âmes sensibles s'abstenir, ndk) :




Les têtes de chien de Bryukhonenko devinrent célèbres dans toute l’Europe. Certains s’imaginèrent même qu’elles étaient la clé de l’immortalité : le dramaturge Georges Bernad Shaw proposa ainsi qu’on utilise cette technique pour maintenir en vie d’illustres personnages à l’article de la mort…

 

 

 

Robert E. Cornish, le savant fou

 

La planche à bascule de Cornish 


Jeune prodige, Robert Cornish se vit proposer un poste à l’Institut de Biologie Experimentale de l’Université de Californie alors qu’il n’avait que 22 ans. Bizarrement, lorsqu’il en eut 27, en 1932, sa vie prit un tournant décisif : il statua qu’il parviendrait à ressusciter les morts.
Au coeur de sa stratégie, il y avait une planche à bascule. Cornish pensait qu’en attachant un corps à la planche et en faisant basculer celle-ci de façon continue, on pourrait obtenir une circulation sanguine artificielle, ce qui permettrait de faire revenir à la vie des « patients » dont les organes vitaux ne souffraient pas de dommages majeurs. En 1933, il fit plusieurs tentatives sur des victimes de noyade, d’électrocution, ou encore d’attaques cardiaques, mais tous restèrent obstinément morts.


Cornish et ses chiens-zombies 

Cornish décida alors de perfectionner sa methode sur des animaux. En 1934, il se lança dans une série d’experiences de résurrection canine en public. Il opéra au total sur 4 fox-terriers, qu’il asphyxiait avant d’essayer de les ranimer à l’aide d’injections d’adrénaline, de bouche-à-truffe, et de sessions de « basculage ». Chose incroyable, il obtint des résultats : deux des chiens revinrent à la vie et survécurent pendant plusieurs mois, bien que frappés par de sévères dommages cérébraux. Ces « chiens-zombies » étaient réputés pour faire fuir les autres chiens qu’ils rencontraient.
La presse s’empara de l’affaire, et Cornish, strabisme divergeant aidant, devint l’incarnation parfaite du savant fou. Ses travaux inspirèrent même quelques films d’horreur à Hollywood, dont « The Man With Nine Lives » avec Boris Karloff.

 

 

 

Vladimir Demikhov, le faiseur de chimères

 

Un des chiens de Demikhov conservé au Musée médical de Lettonie 


En 1954, l’Union Soviétique choqua (encore) le monde en dévoilant la preuve de sa supériorité scientifique : un chien à deux têtes. La créature était le fruit du travail de Vladimir Demikhov, un des plus grands chirurgiens du pays, lequel avait été envoyé faire ses experiences dans un centre de recherche secret. Demikhov avait créé son Cerbère en greffant la tête et les pattes avant d’un chiot sur le cou d’un berger allemand. Il fabriqua en tout 20 (!) hybrides de ce genre, mais à cause d’infections post-opératoires, la plupart ne vécurent pas longtemps : le record fut de 29 jours...


Un chiot greffé lappe du lait 

La presse mondiale fit ses choux gras des monstres de Demikhov, allant jusqu’à les qualifier de « Spoutnik chirurgicaux ». Aline Mosby, une journaliste de l’Agence United Press qui se déplaça pour voir un des hybrides, rapporta que malgré leur système circulatoire commun, les deux têtes vivaient des vies séparées. Elles dormaient et se réveillaient à des heures différentes. La tête greffée lapait même du lait de son coté, alors que les nutriments nécessaires lui étaient fournis par son « hôte », et que de toute façon le liquide ressortait par l’œsophage .

Face aux critiques qui considéraient ses chiens à deux têtes comme un coup publicitaire dénué d’utilité scientifique, Demikhov répondait qu’ils faisaient partie d’une série d’expériences en technique chirurgicale. Son but ultime, disait-t-il, était de réussir des greffes d’organes vitaux chez l’homme. Ainsi, lorsque le Dr Christiaan Barnard réalisa la première transplantation cardiaque en 1967, on ne fut pas étonné d’apprendre qu’il considérait Demikhov comme un maître...

 Vidéo de l' "exploit" (visionnage encore une fois déconseillé aux plus sensibles, ndk) :

 

 

 

 

 

Robert J. White, le vrai Frankenstein

 

Robert White, essayant d'avoir l'air cool 


La réponse américaine à Demikhov fut un certain Robert White. En 1961, ce jeune chirurgien de 34 ans débordait d’ambition. Avec l’aide du gouvernement des Etats-Unis, il fonda un centre de recherche sur le cerveau à Cleveland, dans l’Ohio. Ses commanditaires le prièrent de faire tout ce qu’il fallait pour « battre » Demikhov. C’etait la guerre froide, et il en allait de la fierté nationale.
White reconnaissait que le « tour » de Demikhov était impressionnant (faut pas demander le niveau...), mais brancher le buste d’un chiot sur le cou d’un chien adulte, ce n’était pas à proprement parler une greffe de tête. Il voulait aller plus loin. Et c’est ainsi qu’il envisagea de poser la tête d’un animal sur le corps d’un autre, tout simplement. Le genre de choses qu’on voyait d’habitude à Hollywood, ou dans les livres de science-fiction.

Ainsi, durant plusieurs années d’expérimentations (où il parvint notamment à maintenir vivant un cerveau de singe à l’extérieur du crâne de ce dernier), White se prépara pour son « Grand-Œuvre ». Et le 14 mars 1970, il était fin prêt. Lors d’une opération particulièrement délicate, il détacha la tête d’un singe pour la greffer sur le corps d’un autre. 

White et un de ses malheureux patients 

Quand le singe décapité s’éveilla dans un nouveau corps, il ne montra pas spécialement sa joie d’avoir contribué à l’avancée de la science. Ses yeux suivaient nerveusement ce qui se passait dans la pièce, et lorsque White plaça un doigt dans sa bouche, il le mordit. La moëlle épinière ayant tout de même été sectionnée, cette pauvre créature était paralysée en dessous du cou, et heureusement pour elle, elle ne survécut pas plus d’une journée.

 [ Vous connaissez la chanson : vidéo pour public averti, ndk ]



White avait atteint son incroyable objectif, mais il ne fut pas acclamé en héros par la patrie reconnaissante. Au lieu de ça, le public fut affligé par les horreurs que cet homme avait commises au nom de la recherche. Assumant jusqu’au bout son rôle de Frankenstein des temps modernes, White affirma publiquement qu’il fallait passer au niveau supérieur, en greffant une tête humaine. Il fit même des conférences accompagné d’un tétraplégique, volontaire. Toujours vivant, Robert White est aujourd’hui à la retraite - et on espère qu'il y restera, ndk.



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